Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Dépêchez-vous, fit Wilson, plein de sollicitude pour un individu auquel Sholmès inspirait une considération visible, ne perdez pas une minute.

— Pas une minute, Monsieur Wilson, le temps seulement de vous dire combien je suis heureux de cette rencontre, et combien j’envie le maître d’avoir un collaborateur aussi précieux que vous.

On se salua courtoisement, comme, sur le terrain, deux adversaires que ne divise aucune haine, mais que la destinée oblige à se battre sans merci. Et Lupin me saisissant le bras, m’entraîna dehors.

— Qu’en dites-vous, mon cher ? Voilà un repas dont les incidents feront bon effet dans les mémoires que vous préparez sur moi.

Il referma la porte du restaurant et s’arrêtant quelques pas plus loin :

— Vous fumez ?

— Non, mais vous non plus, il me semble.

Il alluma une cigarette à l’aide d’une allumette-bougie qu’il agita plusieurs fois pour l’éteindre. Mais aussitôt il jeta la cigarette, franchit en courant la chaussée et rejoignit deux hommes qui venaient de surgir de l’ombre, comme appelés par un signal. Il s’entretint quelques minutes avec eux sur le trottoir opposé, puis revint à moi.

— Je vous demande pardon, ce satané Sholmès va me donner du fil à retordre. Mais je vous jure qu’il n’en a pas fini avec Lupin… Ah ! le bougre, il verra de quel bois je me chauffe… Au revoir… L’ineffable Wilson a raison, je n’ai pas une minute à perdre.