Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces ni les hasards contraires, la volonté et l’obstination d’un homme le pourront, monsieur Lupin.

— Si la volonté et l’obstination d’un autre homme n’opposent à ce dessein un obstacle invincible, monsieur Sholmès.

— Il n’y a pas d’obstacle invincible, monsieur Lupin.

Le regard qu’ils échangèrent fut profond, sans provocation d’une part ni de l’autre, mais calme et hardi. C’était le battement de deux épées qui engagent le fer. Cela sonnait clair et franc.

— À la bonne heure, s’écria Lupin, voici quelqu’un ! Un adversaire, mais c’est l’oiseau rare, et celui-là est Herlock Sholmès ! On va s’amuser.

— Vous n’avez pas peur ? demanda Wilson.

— Presque, monsieur Wilson, et la preuve, dit Lupin en se levant, c’est que je vais hâter mes dispositions de retraite… sans quoi je risquerai d’être pris au gîte. Nous disons donc dix jours, monsieur Sholmès ?

— Dix jours. Nous sommes aujourd’hui dimanche. De mercredi en huit, tout sera fini.

— Et je serai sous les verrous ?

— Sans le moindre doute.

— Bigre ! moi qui me réjouissais de ma vie paisible. Pas d’ennuis, un bon petit courant d’affaires, la police au diable, et l’impression réconfortante de l’universelle sympathie qui m’entoure… il va falloir changer tout cela ! Enfin, c’est l’envers de la médaille… Après le beau temps, la pluie… Il ne s’agit plus de rire. Adieu !