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tre ahurissement devant les événements les plus naturels de ce monde, ricana Herlock Sholmès avec une nuance de raillerie.

Wilson balbutia :

— Pourquoi ne l’arrêtez-vous pas ?

— Vous n’avez point remarqué, Wilson, que ce gentleman est placé entre la porte et moi, et à deux pas de la porte. Je n’aurais pas le temps de bouger le petit doigt qu’il serait déjà dehors.

— Qu’à cela ne tienne, dit Lupin.

Il fit le tour de la table et s’assit de manière à ce que l’Anglais fût entre la porte et lui. C’était se mettre à sa discrétion.

Wilson regarda Sholmès pour savoir s’il avait le droit d’admirer ce coup d’audace. L’Anglais demeura impénétrable. Mais, au bout d’un instant, il appela :

— Garçon !

Le garçon accourut. Sholmès commanda :

— Des sodas, de la bière et du whisky.

La paix était signée… jusqu’à nouvel ordre. Bientôt après, tous quatre assis à la même table, nous causions tranquillement.

Herlock Sholmès est un homme… comme on en rencontre tous les jours. Âgé d’une cinquantaine d’années, il ressemble à un brave bourgeois qui aurait passé sa vie, devant un bureau, à tenir des livres de comptabilité. Rien ne le distingue d’un honnête citoyen de Londres, ni ses favoris roussâtres, ni son menton rasé, ni son aspect un peu lourd — rien, si ce n’est ses yeux terriblement aigus, vifs et pénétrants.

Et puis, c’est Herlock Sholmès, c’est-à-dire une sorte de phénomène d’intuition,