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dans sa serviette, comme quelqu’un qui a avalé de travers.

— Une miette de pain ? lui demandai-je… buvez donc un peu d’eau.

— Non, ce n’est pas ça, dit-il, d’une voix étouffée.

— Alors… quoi ?

— Le besoin d’air.

— Voulez-vous qu’on ouvre la fenêtre ?

— Non, je sors… vite, donnez-moi mon pardessus et mon chapeau, je file…

— Ah ! ça mais, que signifie ?…

— Ces deux messieurs qui viennent d’entrer… vous voyez le plus grand… eh bien, en sortant, marchez à ma gauche de manière à ce qu’il ne puisse m’apercevoir.

— Celui qui s’assoit derrière vous ?…

— Celui-là… Pour des raisons personnelles, je préfère… Dehors je vous expliquerai…

— Mais qui est-ce donc ?

— Herlock Sholmès.

Il fit un violent effort sur lui-même, comme s’il avait honte de son agitation, reposa sa serviette, avala un verre d’eau, et me dit en souriant, tout à fait remis :

— C’est drôle, hein ? je ne m’émeus pourtant pas facilement, mais cette vision imprévue…

— Qu’est-ce que vous craignez, puisque personne ne peut vous reconnaître, au travers de toutes vos transformations ? Moi-même chaque fois que je vous retrouve, il me semble que je suis en face d’un individu nouveau.

Lui me reconnaîtra, dit Arsène Lupin. Lui, il ne m’a vu qu’une fois[1], mais

  1. Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur. (Chapitre IX. Herlock Sholmès arrive trop tard).