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— Quoi !… est-ce possible ?… bégaya-t-il.

Il ne savait que faire, et sans bouger, les yeux écarquillés, il contemplait le bouleversement des choses, les chaises tombées, un grand flambeau de cristal cassé en mille morceaux, la pendule qui gisait sur le marbre du foyer, toutes ces traces qui révélaient la lutte affreuse et sauvage. Le manche d’un stylet d’acier étincelait, non loin du cadavre. La lame en dégouttait de sang. Le long du matelas, pendait un mouchoir souillé de marques rouges.

Charles hurla de terreur : le corps s’était tendu en un suprême effort, puis s’était recroquevillé sur lui-même… Deux ou trois secousses, et ce fut tout.

Il se pencha. Par une fine blessure au cou, du sang giclait, qui mouchetait le tapis de taches noires. Le visage conservait une expression d’épouvante folle.

— On l’a tué, balbutia-t-il, on l’a tué.

Et il frissonna à l’idée d’un autre crime probable : la demoiselle de compagnie ne couchait-elle pas dans la chambre voisine ? et le meurtrier du baron ne l’avait-il pas tuée elle aussi ?

Il poussa la porte : la pièce était vide. Il conclut qu’Antoinette avait été enlevée, ou bien qu’elle était partie avant le crime.

Il regagna la chambre du baron et, ses yeux ayant rencontré le secrétaire, il remarqua que ce meuble n’avait pas été fracturé.

Bien plus, il vit sur la table, près du trousseau de clefs et du portefeuille que le baron y déposait chaque soir, une poi-