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ment. Maintenant que sa fille lui était rendue, le sentiment de la réalité lui revenait. L’arrestation de son adversaire, c’était pour lui un demi-million. Instinctivement il fit un pas… Comme par hasard, Lupin se trouva sur son chemin.

— Où allez-vous, Monsieur Gerbois ? Me défendre contre eux ? Mille fois aimable ! Ne vous dérangez pas. D’ailleurs, je vous jure qu’ils sont plus embarrassés que moi.

Et il continua en réfléchissant :

— Au fond que savent-ils ? Que vous êtes ici, et peut-être que Mlle Gerbois y est également, car ils ont dû la voir arriver avec une dame inconnue. Mais moi ? ils ne s’en doutent pas. Comment me serais-je introduit dans une maison qu’ils ont fouillée ce matin de la cave au grenier ? Non, selon toutes probabilités, ils m’attendent pour me saisir au vol… Pauvres chéris !… À moins qu’ils ne devinent que la dame inconnue est envoyée par moi et qu’ils ne la supposent chargée de procéder à l’échange… Auquel cas ils s’apprêtent à l’arrêter à son départ…

Un coup de timbre retentit.

D’un geste brusque, Lupin immobilisa M. Gerbois, et la voix sèche, impérieuse :

— Halte-là, Monsieur, pensez à votre fille et soyez raisonnable, sinon… Quant à vous, maître Detinan, j’ai votre parole.

M. Gerbois fut cloué sur placé. L’avocat ne bougea point.

Sans la moindre hâte, Lupin prit son chapeau. Un peu de poussière le maculait : il le brossa du revers de sa manche.

— Mon cher maître, si jamais vous avez besoin de moi… Mes meilleurs vœux, Made-