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— Ce qui ne vous aurait pas conduit à enlever ma fille que tout cela a dû bouleverser.

— Tout cela ?

— Cet enlèvement…

— Mais, mon cher Monsieur, vous faites erreur. Mlle Gerbois n’a pas été enlevée.

— Ma fille n’a pas été enlevée !

— Nullement. Qui dit enlèvement, dit violence. Or c’est de son plein gré qu’elle a servi d’otage.

— De son plein gré ! répéta M. Gerbois, confondu.

— Et presque sur sa demande ! Comment ! une jeune fille intelligente comme Mlle Gerbois, et, qui plus est, cultive au fond de son âme une passion inavouée, aurait refusé de conquérir sa dot ! Ah ! je vous jure qu’il a été facile de lui faire comprendre qu’il n’y avait pas d’autre moyen de vaincre votre obstination.

Me Detinan s’amusait beaucoup. Il objecta :

— Le plus difficile était de vous entendre avec elle. Il est inadmissible que Mlle Gerbois se soit laissé aborder.

— Oh ! par moi, non. Je n’ai même pas l’honneur de la connaître. C’est une personne de mes amies qui a bien voulu entamer les négociations.

— La dame blonde de l’automobile, sans doute, interrompit Me Detinan.

— Justement. Dès la première entrevue auprès du lycée, tout était réglé. Depuis, Mlle Gerbois et sa nouvelle amie ont voyagé, visitant la Belgique et la Hollande, de la manière la plus agréable et la plus instructive pour une jeune fille. Du reste elle-même va vous expliquer…