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temps à autre M. Gerbois prêtait l’oreille… n’avait-on pas sonné ?

Avec les minutes son angoisse augmentait, et Me Detinan aussi éprouvait une impression presque douloureuse.

Un moment même l’avocat perdit tout sang-froid. Il se leva brusquement :

— Nous ne le verrons pas… Comment voulez-vous ?… Ce serait de la folie de sa part ! Qu’il ait confiance en nous, soit, nous sommes d’honnêtes gens incapables de le trahir. Mais le danger n’est pas seulement ici.

Et M. Gerbois, écrasé, les deux mains sur les billets, balbutiait :

— Qu’il vienne, mon Dieu, qu’il vienne ! Je donnerais tout cela pour retrouver Suzanne.

La porte s’ouvrit.

— La moitié suffira, Monsieur Gerbois.

Quelqu’un se tenait sur le seuil, un homme jeune, élégamment vêtu, en qui M. Gerbois reconnut aussitôt l’individu qui l’avait abordé près de la boutique de bric-à-brac, à Versailles. Il bondit vers lui.

— Et Suzanne ? Où est ma fille ?

Arsène Lupin ferma la porte soigneusement et, tout en défaisant ses gants du geste le plus paisible, il dit à l’avocat :

— Mon cher Maître, je ne saurais trop vous remercier de la bonne grâce avec laquelle vous avez consenti à défendre mes droits. Je ne l’oublierai pas.

Me Detinan murmura :

— Mais vous n’avez pas sonné… je n’ai pas entendu la porte…