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rivée des champions de la justice. Tout est là. Car, pour la question du naufrage, elle ne se pose même plus. Maître, c’est l’heure solennelle du testament. Je lègue toute ma fortune à Herlock Sholmès, citoyen anglais, à charge pour lui… Mais, mon Dieu, qu’ils avancent vite, les champions de la justice ! Ah ! les braves gens ! ils font plaisir à voir. Quelle précision dans le coup de rame ! Tiens, mais c’est vous, brigadier Folenfant ? Bravo ! L’idée du navire de guerre est excellente. Je vous recommanderai à vos supérieurs, brigadier Folenfant… Est-ce la médaille que vous souhaitez ? entendu… c’est chose faite. Et votre camarade Dieuzy, où est-il donc ? Sur la rive gauche, n’est-ce pas, au milieu d’une centaine d’indigènes ?… De sorte que, si j’échappe au naufrage, je suis recueilli à gauche par Dieuzy et ses indigènes, ou bien à droite par Ganimard et les populations de Neuilly. Fâcheux dilemme…

Il y eut un remous. L’embarcation vira sur elle-même, et Sholmès dut s’accrocher à l’anneau des avirons.

— Maître, dit Lupin, je vous supplie d’ôter votre veste. Vous serez plus à l’aise pour nager. Non ? Vous refusez ? Alors je remets la mienne.

Il enfila sa veste, la boutonna hermétiquement comme celle de Sholmès, et soupira :

— Quel rude homme vous faites ! et qu’il est dommage que vous vous entêtiez dans une affaire… où vous donnez la mesure de vos moyens, mais si vainement ! Vrai, vous gâchez votre beau génie…

— Monsieur Lupin, prononça Sholmès, sortant enfin de son mutisme, vous parlez