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pour vous, mon cher Maître, le respectueux hommage de votre dévoué

« Arsène Lupin ».

— Arsène Lupin ! répéta Wilson, confondu…

Sholmès se mit à frapper la table à coups de poing.

— Ah ! mais, il commence à m’embêter, cet animal-là ! Il se moque de moi comme d’un gamin ! L’aveu public de mon échec ! Ne l’ai-je pas contraint à rendre le diamant bleu ?

— Il a peur, insinua Wilson.

— Vous dites des bêtises ! Arsène Lupin n’a jamais peur, et la preuve c’est qu’il me provoque.

— Mais comment a-t-il connaissance de la lettre que nous envoie le baron d’Imblevalle ?

— Qu’est-ce que j’en sais ? Vous me posez des questions stupides, mon cher !

— Je pensais… je m’imaginais…

— Quoi ? que je suis sorcier ?

— Non, mais je vous ai vu faire de tels prodiges !

— Personne ne fait de prodiges… moi pas plus qu’un autre. Je réfléchis, je déduis, je conclus, mais je ne devine pas. Il n’y a que les imbéciles qui devinent.

Wilson prit l’attitude modeste d’un chien battu, et s’efforça, afin de n’être pas un imbécile, de ne point deviner pourquoi Sholmès arpentait la chambre à grands pas irrités. Mais Sholmès ayant sonné son domestique et lui ayant commandé sa valise, Wilson se crut en droit, puisqu’il y avait là un fait matériel, de déduire et de conclure que le maître partait en voyage.