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rieuse qui demandait à lui parler. Mais Ganimard décrocha le récepteur et se pencha.

— Allô… allô… le numéro 648.73… oui, c’est ici.

Vivement, avec autorité, Sholmès l’écarta, saisit les deux récepteurs et appliqua son mouchoir sur la plaque pour rendre plus indistinct le son de sa voix.

À ce moment il leva les yeux sur Lupin. Et le regard qu’ils échangèrent leur prouva que la même pensée les avait frappés tous deux, et que tous deux ils prévoyaient jusqu’aux dernières conséquences de cette hypothèse possible, probable, presque certaine : c’était la Dame blonde qui téléphonait. Elle croyait téléphoner à Félix Davey, ou plutôt à Maxime Bermond, et c’est à Sholmès qu’elle allait se confier !

Et l’Anglais scanda :

— Allô !… allô !…

Un silence, et Sholmès :

— Oui, c’est moi, Maxime.

Tout de suite le drame se dessinait, avec une précision tragique. Lupin, l’indomptable et railleur Lupin, ne songeait même pas à cacher son anxiété, et, la figure pâlie d’angoisse, il s’efforçait d’entendre, de deviner. Et Sholmès continuait, en réponse à la voix mystérieuse :

— Allô… allô… Mais oui, tout est terminé, et je m’apprêtais justement à vous rejoindre, comme il était convenu… Où ?… Mais à l’endroit où vous êtes. Ne croyez-vous pas que c’est encore là…

Il hésitait, cherchant ses mots, puis il s’arrêta. Il était clair qu’il tâchait d’interroger la jeune fille sans trop s’avancer lui-même et qu’il ignorait absolument où elle