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et de verve, avec impertinence et légèreté. Sholmès le regardait, comme on regarde un beau spectacle dont on sait apprécier toutes les beautés et toutes les nuances. Et vraiment il eut cette impression bizarre que la lutte était égale entre ces trente hommes d’un côté, soutenus par tout l’appareil formidable de la justice, et de l’autre côté, cet être seul, sans armes et enchaîné. Les deux partis se valaient.

— Eh bien, maître, lui dit Lupin, voilà votre œuvre. Grâce à vous, Lupin va pourrir sur la paille humide des cachots. Avouez que votre conscience n’est pas absolument tranquille, et que le remords vous ronge ?

Malgré lui l’Anglais haussa les épaules, avec l’air de dire : « Il ne tenait qu’à vous… »

— Jamais ! Jamais ! s’écria Lupin… Vous rendre le diamant bleu ? Ah ! non, il m’a coûté trop de peine déjà. J’y tiens. Lors de la première visite que j’aurai l’honneur de vous faire à Londres, le mois prochain sans doute, je vous dirai les raisons… Mais serez-vous à Londres, le mois prochain ? Préférez-vous Vienne ? Saint-Pétersbourg ?

Il sursauta. Au plafond, soudain, résonnait un timbre. Et ce n’était plus la sonnerie d’alarme, mais l’appel du téléphone dont les fils aboutissaient à son bureau, entre les deux fenêtres, et dont l’appareil n’avait pas été enlevé.

Le téléphone ! Ah ! qui donc allait tomber dans le piège que tendait un abominable hasard ! Arsène Lupin eut un mouvement de rage vers l’appareil, comme s’il avait voulu le briser, le réduire en miettes, et, par là même, étouffer la voix mysté-