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— Je vous arrête.

— Et ça vous épate ? Au nom de la loi dont il est le fidèle exécuteur, Ganimard, inspecteur principal, arrête le méchant Lupin. Minute historique, et dont vous saisissez toute l’importance… Et c’est la seconde fois que pareil fait se produit. Bravo, Ganimard, vous irez loin dans la carrière !

Et il offrit ses poignets au cabriolet d’acier…

Ce fut un événement qui s’accomplit d’une manière un peu solennelle. Les agents, malgré leur brusquerie ordinaire et l’âpreté de leur ressentiment contre Lupin, agissaient avec réserve, étonnés qu’il leur fût permis de toucher à cet être intangible.

— Mon pauvre Lupin, soupira-t-il, que diraient tes amis du noble faubourg s’ils te voyaient humilié de la sorte !

Il écarta les poignets avec un effort progressif et continu de tous ses muscles. Les veines de son front se gonflèrent. Les maillons de la chaîne pénétrèrent dans sa peau.

— Allons-y, fit-il.

La chaîne sauta, brisée.

— Une autre, camarades, celle-ci ne vaut rien.

On lui en passa deux. Il approuva :

— À la bonne heure ! vous ne sauriez prendre trop de précautions.

Puis, comptant les agents :

— Combien êtes-vous, mes amis ? Vingt-cinq ? Trente ? C’est beaucoup… Rien à faire. Ah ! si vous n’aviez été que quinze !

Il avait vraiment de l’allure, une allure de grand acteur qui joue son rôle d’instinct