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d’une bourgade. Et ce fut Duclair, Caudebec, le pays de Caux dont ils effleurèrent les ondulations de leur vol puissant, et Lillebonne, et Quillebeuf. Et voilà qu’ils se trouvèrent soudain au bord de la Seine, à l’extrémité d’un petit quai, au bord duquel s’allongeait un yacht sobre et robuste de lignes, et dont la cheminée lançait des volutes de fumée noire.

La voiture stoppa. En deux heures, ils avaient parcouru plus de quarante lieues.

Un homme s’avança en vareuse bleue, la casquette galonnée d’or et salua.

— Parfait, capitaine ! s’écria Lupin. Vous avez reçu la dépêche ?

— Je l’aie reçue.

L’Hirondelle est prête ?

L’Hirondelle est prête.

— En ce cas, monsieur Sholmès ?

L’Anglais regarda autour de lui, vit un groupe de personnes à la terrasse d’un café, un autre plus près, hésita un instant, puis comprenant qu’avant toute intervention, il serait happé, embarqué, expédié à fond de cale, il traversa la passerelle et suivit Lupin dans la cabine du capitaine.

Elle était vaste, d’une propreté méticuleuse, et toute claire du vernis de ses lambris et de l’étincellement de ses cuivres.

Lupin referma la porte et, sans préambule, presque brutalement, il dit à Sholmès :

— Que savez-vous au juste ?

— Tout.

— Tout, précisez.

Il n’y avait plus dans l’intonation de sa voix cette politesse un peu ironique qu’il affectait à l’égard de l’Anglais. C’était l’ac-