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rêtez, Lupin, ou je fais feu sur Mademoiselle.

— Je vous recommande de viser la joue si vous voulez atteindre la tempe, répondit Lupin sans tourner la tête.

Clotilde prononça :

— Maxime, n’allez pas trop vite, le pavé est glissant, et je suis très peureuse.

Elle souriait toujours, les yeux fixés aux pavés, dont la route se hérissait devant la voiture.

— Qu’il arrête ! qu’il arrête donc ! lui dit Sholmès, fou de colère, vous voyez bien que je suis capable de tout !

Le canon du revolver frôla les boucles de cheveux.

Elle murmura :

— Ce Maxime est d’une imprudence ! À ce train-là nous sommes sûrs de déraper.

Sholmès remit l’arme dans sa poche et saisit la poignée de la portière, prêt à s’élancer, malgré l’absurdité d’un pareil acte.

Clotilde lui dit :

— Prenez garde, Monsieur, il y a une automobile derrière nous.

Il se pencha. Une voiture les suivait en effet, énorme, farouche d’aspect avec sa proue aiguë, couleur de sang, et les quatre hommes en peau de bête qui la montaient.

— Allons, pensa-t-il, je suis bien gardé, patientons.

Il croisa les bras sur sa poitrine, avec cette soumission orgueilleuse de ceux qui s’inclinent et qui attendent quand le destin se tourne contre eux. Et tandis que l’on traversait la Seine et que l’on brûlait Suresnes, Rueil, Chatou, immobile, résigné, maître de sa colère et sans amertume, il ne songeait plus qu’à découvrir par quel mi-