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zon qui reconnaîtra Mme de Réal. Voilà ce que je lui dirai.

— Vous n’oserez pas, dit-elle, recouvrant son sang-froid devant la menace d’un péril immédiat.

Il se leva et fit un pas vers la bibliothèque. Clotilde l’arrêta :

— Un instant, Monsieur.

Elle réfléchit, maîtresse d’elle-même maintenant et, fort calme, lui demanda :

— Vous êtes Herlock Sholmès, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Que voulez-vous de moi ?

— Ce que je veux ? J’ai engagé contre Arsène Lupin un duel dont il faut que je sorte vainqueur. Dans l’attente d’un dénouement qui ne saurait tarder beaucoup, j’estime qu’un otage aussi précieux que vous me donne sur mon adversaire un avantage considérable. Donc, vous me suivrez, Mademoiselle, je vous confierai à quelqu’un de mes amis. Dès que mon but sera atteint, vous serez libre.

— C’est tout ?

— C’est tout. Je ne fais pas partie de la police de votre pays, et je ne me sens, par conséquent, aucun droit… de justicier.

Elle semblait résolue. Cependant elle exigea encore un moment de répit. Ses yeux se fermèrent, et Sholmès la regardait, si tranquille soudain, presque indifférente aux dangers qui l’entouraient !

— Et même, songeait l’Anglais, se croit-elle en danger ? Mais non, puisque Lupin la protège. Avec Lupin rien ne peut vous atteindre. Lupin est tout-puissant, Lupin est infaillible.