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De nouveau elle murmura, brisée, réduite à la prière :

— Taisez-vous, monsieur, je vous en supplie… Puisque vous savez tant de choses, vous devez savoir que je n’ai pas assassiné le baron.

— Je n’ai pas dit que vous l’aviez assassiné, Mademoiselle. Le baron d’Hautrec était sujet à des accès de folie que, seule, la sœur Auguste pouvait maîtriser. Je tiens ce détail d’elle-même. En l’absence de cette personne, il a dû se jeter sur vous, et c’est au cours de la lutte, pour défendre votre vie, que vous l’avez frappé. Épouvantée par un tel acte, vous avez sonné et vous vous êtes enfuie sans même arracher du doigt de votre victime ce diamant bleu que vous étiez venue prendre. Un instant après vous rameniez un des complices de Lupin, domestique dans la maison voisine, vous transportiez le baron sur son lit, vous remettiez la chambre en ordre… mais toujours sans oser prendre le diamant bleu. Voilà ce qui s’est passé. Donc, je le répète, vous n’avez pas assassiné le baron. Cependant ce sont bien vos mains qui l’ont frappé.

Elle les avait croisées sur son front, ses longues mains fines et pâles, et elle les garda longtemps ainsi, immobiles. Enfin, déliant ses doigts, elle découvrit son visage douloureux et prononça :

— Et c’est tout cela que vous avez l’intention de dire à mon père ?

— Oui, et je lui dirai que j’ai comme témoins Mlle Gerbois, qui reconnaîtra la Dame blonde, la sœur Auguste qui reconnaîtra Antoinette Bréhat, la comtesse de Cro-