Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mettait entre les mains de Me Detinan, son avocat-conseil, la lettre que le commandant Bessy lui avait écrite, à lui personnellement.

Ce fut une explosion de joie : Arsène Lupin prenait un avocat ! Arsène Lupin, respectueux des règles établies, désignait pour le représenter un membre du barreau !

Toute la presse se rua chez Me Detinan, député radical influent, homme de haute probité en même temps que d’esprit fin, un peu sceptique, volontiers paradoxal.

Me Detinan n’avait jamais eu le plaisir de rencontrer Arsène Lupin — et il le regrettait vivement — mais il venait de recevoir ses instructions, et, très touché d’un choix dont il sentait tout l’honneur, il comptait défendre vigoureusement le droit de son client. Il ouvrit donc le dossier nouvellement constitué, et, sans détours, exhiba la lettre du commandant. Elle prouvait bien la cession du billet, mais ne mentionnait pas le nom de l’acquéreur. « Mon cher ami… », disait-elle simplement.

« Mon cher ami », c’est moi, ajoutait Arsène Lupin dans une note jointe à la lettre du commandant. Et la meilleure preuve c’est que j’ai la lettre.

La nuée des reporters s’abattit immédiatement chez M. Gerbois qui ne put que répéter :

— « Mon cher ami » n’est autre que moi. Arsène Lupin a volé la lettre du commandant avec le billet de loterie.

— Qu’il le prouve ! riposta Lupin aux journalistes.

— Mais puisque c’est lui qui a volé le