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— Ah ! Clotilde, pourquoi vous ai-je mêlée à ma vie aventureuse ? J’aurais dû rester le Maxime Bermond que vous avez aimé, il y a cinq ans, et ne pas vous faire connaître… l’autre homme que je suis.

Elle dit très bas :

— J’aime aussi cet autre homme, et je ne regrette rien.

— Si, vous regrettez votre vie passée, la vie au grand jour.

— Je ne regrette rien quand vous êtes là, dit-elle passionnément ! Il n’y a plus de faute, il n’y a plus de crime quand mes yeux vous voient. Que m’importe d’être malheureuse loin de vous, et de souffrir, et de pleurer, et d’avoir horreur de tout ce que je fais ! votre amour efface tout… j’accepte tout… Mais il faut m’aimer !…

— Je ne vous aime pas parce qu’il le faut, Clotilde, mais pour l’unique raison que je vous aime.

— En êtes-vous sûr ? dit-elle toute confiante.

— Je suis sûr de moi comme de vous. Seulement, mon existence est violente et fiévreuse, et je ne puis pas toujours vous consacrer le temps que je voudrais.

Elle s’affola aussitôt.

— Qu’y a-t-il ? un danger nouveau ? Vite, parlez.

— Oh ! rien de grave encore. Pourtant…

— Pourtant ?

— Eh bien, il est sur nos traces.

— Sholmès ?

— Oui. C’est lui qui a lancé Ganimard dans l’affaire du restaurant Hongrois. C’est lui qui a posté, cette nuit, les deux agents de la rue Chalgrin. J’en ai la preuve. Ga-