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et les larmes coulaient moins abondantes.

— J’aurais tant voulu vous rendre heureuse ! murmura-t-il.

— Je suis heureuse.

— Non, puisque vous pleurez… Vos larmes me désolent, Clotilde.

Malgré tout, elle se laissait prendre au son de cette voix caressante, et elle écoutait, avide d’espoir et de bonheur, mais un sourire si triste encore ! Il la supplia :

— Ne soyez pas triste, Clotilde, vous ne devez pas l’être. Vous n’en avez pas le droit.

Elle lui montra ses mains blanches, fines et souples, et dit gravement :

— Tant que ces mains seront mes mains, je serai triste, Maxime.

— Mais pourquoi ?

— Elles ont tué.

Maxime s’écria :

— Taisez-vous ! ne pensez pas à cela… le passé est mort, le passé ne compte pas.

Et il baisait ses longues mains pâles, et elle le regardait avec un sourire plus clair comme si chaque baiser eût effacé un peu de l’horrible souvenir.

— Il faut m’aimer, Maxime, il le faut parce qu’aucune femme ne vous aimera comme moi. Pour vous plaire, j’ai agi, j’agis encore, non pas selon vos ordres, mais selon vos désirs secrets. J’accomplis des actes contre lesquels tous mes instincts et toute ma conscience se révoltent, mais je ne peux pas résister… tout ce que je fais, je le fais machinalement, parce que cela vous est utile, et que vous le voulez… et je suis prête à recommencer demain… et toujours.

Il dit avec amertume :