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— Non, mais quand je pense que, tantôt, dans la rue, ces gredins-là auraient pu casser mon bras tout aussi bien que le vôtre. Qu’en dites-vous, Wilson ?

Wilson se contenta de frissonner à cette horrible supposition.

Et Sholmès reprit :

— Que cette leçon nous profite ! Voyez-vous, Wilson, notre grand tort a été de combattre Lupin à visage découvert, et de nous offrir complaisamment à ses coups. Il n’y a que demi mal, puisqu’il n’a réussi qu’à vous atteindre…

— Et que j’en suis quitte pour un bras cassé, gémit Wilson.

— Alors que les deux pouvaient l’être. Mais plus de fanfaronnades. En plein jour et surveillé, je suis vaincu. Dans l’ombre, et libre de mes mouvements, j’ai l’avantage, quelles que soient les forces de l’ennemi.

— Ganimard pourrait vous aider.

— Jamais ! Le jour où il me sera permis de dire : Arsène Lupin est là, voici son gîte, et voici comment il faut s’emparer de lui, j’irai relancer Ganimard à l’une des deux adresses qu’il m’a données : son domicile, rue Pergolèse, ou la taverne Suisse, place du Châtelet. D’ici là, j’agis seul.

Il s’approcha du lit, posa sa main sur l’épaule de Wilson — sur l’épaule malade, naturellement — et lui dit avec une grande affection :

— Soignez-vous, mon vieux camarade. Votre rôle consiste désormais à occuper deux ou trois des hommes d’Arsène Lupin, qui attendront vainement, pour retrouver