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Wilson les prit. C’était bien une de ses cartes de visite, et, sur la lettre, c’était bien son écriture.

— Seigneur Dieu, murmura-t-il, voilà encore un vilain tour.

Et il ajouta anxieusement :

— Et les bagages ?

— Mais votre ami les a emportés.

— Ah !… et vous les avez donnés ?

— Certes, puisque votre carte nous y autorisait.

— En effet… en effet…

Ils s’en allèrent tous deux à l’aventure, par les Champs-Élysées, silencieux et lents. Un joli soleil d’automne éclairait l’avenue. L’air était doux et léger.

Au Rond-Point, Herlock alluma sa pipe et se remit en marche. Wilson s’écria :

— Je ne vous comprends pas, Sholmès, vous êtes d’un calme ! On se moque de vous, on joue avec vous comme un chat joue avec une souris… Et vous ne soufflez pas mot !

Sholmès s’arrêta et lui dit :

— Wilson, je pense à votre carte de visite.

— Eh bien ?

— Eh bien, voilà un homme qui, en prévision d’une lutte possible avec nous, s’est procuré des spécimens de votre écriture et de la mienne, et qui possède, toute prête dans son portefeuille, une de vos cartes. Songez-vous à ce que cela représente de précautions, de volonté perspicace, de méthode et d’organisation ?

— C’est-à-dire ?…

— C’est-à-dire, Wilson, que pour combattre un ennemi si formidablement armé, si merveilleusement préparé — et pour