Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Herlock Sholmès ! balbutia une voix étranglée, caverneuse.

Ils demeurèrent longtemps l’un près de l’autre sans échanger une parole, tous deux anéantis, le cerveau vide. La corne d’une automobile déchira l’air. Un peu de vent agita les feuilles. Et Sholmès ne bougeait pas, les cinq doigts toujours agrippés à la gorge de Wilson, qui exhalait un râle de plus en plus faible.

Et soudain Herlock, envahi d’une colère, lâcha son ami, mais pour l’empoigner par les épaules et le secouer avec frénésie.

— Que faites-vous là ? Répondez… Quoi ?… Est-ce que je vous ai dit de vous fourrer dans les massifs et de m’espionner ?

— Vous espionner, gémit Wilson, mais je ne savais pas que c’était vous.

— Alors quoi ? Que faites-vous là ? Vous deviez vous coucher.

— Je me suis couché.

— Il fallait dormir !

— J’ai dormi.

— Il ne fallait pas vous réveiller !

— Votre lettre…

— Ma lettre ?…

— Oui, celle qu’un commissionnaire m’a apportée de votre part à l’hôtel…

— De ma part ? Vous êtes fou ?

— Je vous jure.

— Où est cette lettre ?

Son ami lui tendit une feuille de papier. À la clarté de sa lanterne, il lut avec stupeur :