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ARMELLE ET CLAUDE

gnages, œuvres, vestiges de cette vie, dans un morceau de silex, dans les miettes d’un bibelot.

— C’est vrai, dit Armelle, le vieux rempart n’est pas seulement bâti avec des pierres, mais avec les craintes, les aspirations et les nécessités de toute une époque. Il y a là des traces de regards, des traces de doigts, des traces d’âme prévoyante, ou peureuse, ou tranquille, ou féroce, ou rapace. C’est cela que nous évoquons, c’est cela qui nous a fait défaillir l’autre soir, comme si nous nous rappelions une époque indéterminée de notre existence à nous.

Sachant la signification de leurs actes, ils n’en agirent que plus simplement. Parfois de petits rentiers se chauffaient au soleil : ce voisinage ne les chagrina point comme auparavant. Ils ne s’offensaient pas davantage que des canards s’ébattissent parmi les roseaux des douves féodales. Et les blanchisseuses qui lavent le linge de la ville dans l’eau séculaire ne furent plus leurs ennemies.