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ARMELLE ET CLAUDE

qui se découvrit à son approche. Il l’interrogea pour qu’il n’y eut pas d’erreur. Puis, après s’être reposé un moment et restauré, il se mit en selle. L’enfant marcha devant lui. On sortit du village.

Tout de suite ils quittèrent la route pour prendre un de ces anciens chemins de gazon qui serpentent à travers les haies, sillonnés d’ornières, inégaux et boueux. Comme ils se ressemblent tous, leur monotonie ne put distraire Landa. Il se maintint en un songe subtil, homme évadé du présent et lâché à travers les âges. Un garçon le guide. Un cheval le porte. Il voit du ciel, des arbres et de l’herbe. Des pies et des geais volent. Y a-t-il rien de cela qui soit spécial à un temps et empêche de vivre à celui qu’indique le caprice ?

Il fut le Celte en chasse, le Romain de César, le seigneur à l’affût de son ennemi. Et c’était d’un agrément si ineffable qu’il redoutait presque la rencontre d’Armelle. Elle ne pouvait que le ramener à la réalité d’une époque. Un émoi serrait son cœur.