Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
ARMELLE ET CLAUDE

entre nous sera bien différent de l’amour que nous redoutons.

Après une hésitation, elle prononça :

— Nous sommes jeunes… le danger est peut-être là…

— Non, nous ne sommes pas de ceux auxquels commande leur désir. Si notre rêve échoue, ce ne sera point par là. La chute serait trop grande. Nous ne succomberons jamais à l’instinct, jamais.

— Alors, dit-elle, prenez l’engagement que vous n’essayerez jamais de m’avoir. Quoi qu’il arrive, il ne faut pas que vous soyez mon amant, car ce serait déchoir de notre rêve. Il ne faut même pas que cette idée, cette crainte nous gêne, car nous serions méfiants et paralysés. Ne faites pas cette promesse à la légère, elle est grave, et c’est la condition à laquelle j’accepte.

— Vous ne serez jamais à moi, je le jure.

Elle regarda longuement celui qui lui proposait une route nouvelle et s’offrait à marcher à ses côtés. Elle ne le connaissait