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ARMELLE ET CLAUDE

jamais la revoir, du moins sous sa forme de séduction. Ce fut un adieu presque triste à la fraîcheur des lèvres et à l’auréole des cheveux blonds. Une image de femme désirable se détachait d’elle comme l’enveloppe de luxe que l’on arracherait à un livre. Il déclara :

— Je ne vous aime pas.

Il leur sembla qu’ils avaient jeté loin d’eux des armes meurtrières et déposé tout un appareil inutile de cuirasses, de gantelets et de boucliers.

— Vous ne m’aimerez pas ? insista la jeune fille, vous êtes sûr que vous ne m’aimerez pas ?

Il réfléchit. Un grand besoin de franchise et de clarté l’empêchait de répondre. Il tâcha de voir en lui et de voir en l’avenir, et il dit :

— Je n’en suis pas sûr… Il se peut que je vous aime, il se peut que vous m’aimiez… c’est là peut-être la loi secrète de notre rencontre… je ne sais pas… mais, en vérité, je crois que ce qui pourra naître