Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
ARMELLE ET CLAUDE

Ils réfléchirent longtemps. En eux et autour d’eux s’accumulait de la tristesse. Puis Armelle conclut :

— Ne vous accusez pas. Le coupable n’est point vous, c’est l’amour. Il ne s’accorde plus avec l’idée que nous avons d’une vie noble. Il se peut qu’il y ait quelque part de bons petits êtres simples ou de grands êtres sublimes qui respectent ceux qu’ils aiment. Vous n’en avez pas rencontré. Moi non plus. Aussi je doute.

Elle avait dit des paroles si précises et d’un ton si âpre qu’il la devina désabusée comme lui. Allait-elle se confier ? Ayant accepté ses aveux, elle lui devait les siens. Elle les fit. Ils furent rapides, jetés en phrases courtes et sèches.

— Oui, j’en suis au même point que vous. La révolte où vous avez abouti, moi, mon instinct me l’a enseignée. Jusqu’ici ma vie n’est qu’une révolte. Pour arriver, et pas bien loin encore, il faut à la femme plus de force qu’à l’homme, car elle part de bien plus loin. J’ai lutté contre mon père, contre le monde,