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ARMELLE ET CLAUDE

— Écoute, Claude, il faut me prendre, vois-tu, nous n’aurons jamais le courage de nous séparer, nous nous aimons trop… Alors, si tu ne me prends pas, tu sais ce qui arrivera… choisis… ta maîtresse ou ta femme… Oh ! quelle chute, ce mariage ! prends-moi… je t’en supplie, prends-moi… tu n’as qu’à tendre la main, Claude, je te promets que je ne résisterai pas… je suis prête à ton baiser… prends-moi… mon Claude chéri…

Sa prière navrée le déchirait. Pourtant il n’était point tenté d’y obéir, et l’offre de ce qu’il désirait si éperdument ne le grisait pas, tellement il savait inutile tout espoir d’échapper au destin. Il dit, penché sur elle :

— Il est trop tard, mon aimée, ce ne serait plus une victoire de notre amour, mais une défaite de plus. Nous qui pouvions connaître cette joie en vainqueurs, le devons-nous, vaincus comme nous sommes ? Ne cédons pas à la peur puisque nous n’avons pas cédé au plus noble instinct. C’est le