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ARMELLE ET CLAUDE

— Taisez-vous, Armelle, ce désir était la vérité… c’était la vérité de ma chair amoureuse de la vôtre, la vérité de la nature et de la vie… Et savez-vous pourquoi nous avons été vaincus ?… je viens de le voir clairement, moi… et je le savais depuis longtemps… et vous aussi… eh bien… voici pourquoi… voici.., c’est parce que…

Ses doigts se crispaient aux épaules d’Armelle. Il parlait d’une voix solennelle et haletante, comme sous le souffle d’une inspiration :

— C’est parce que nous avons dédaigné la vérité, c’est parce que nous avons résisté à la nature et à la vie… Entendez-vous… quand je vous implorais… eh bien… eh bien… Armelle… il fallait vous donner…

Elle tomba sur une chaise en sanglotant :

— Il fallait me prendre, Claude…

Il y eut un grand silence. Comme deux flammes blanches luisaient les cris désolés d’Armelle et de Claude. Et à ces flammes vinrent fondre leur colère et leur injustice.