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ARMELLE ET CLAUDE

en vérité, cela les agaçait qu’on pensât mal d’eux.

Ainsi chaque jour apportait sa part de souffrance. Ils ne cessaient de se dire :

— Voyons, il n’est pas possible que cela dure ainsi, nous sommes trop misérables…

Mais ils n’essayaient nullement de corriger leur destinée. En eussent-ils trouvé la force s’ils en avaient découvert le moyen ? Ils étaient bien faibles et bien meurtris. Toute douleur nouvelle s’accompagnait d’un pas en arrière, et de même tout échec amenait un chagrin nouveau. Et toujours grossissait, comme une armée d’insectes rongeurs, l’invasion des rancunes infimes, des bouderies, des énervements, des procédés volontaires, des vexations. Ordinairement résignés, ils se raidissaient au moindre choc. L’un se froissait sitôt que l’autre semblait se distraire en dehors de lui. Quelle torture ! Et ils songeaient :

— Pourquoi nous acharner ? Qu’espérons-nous ? Que faisons-nous ? Se réunir suppose un but. Quel est le nôtre ? Ne vau-