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ARMELLE ET CLAUDE

Ils furent délassés. Quel soulagement de rejeter le fardeau des résolutions, des plans, des phrases et des combinaisons incommodes ! À quoi bon s’éterniser dans une atmosphère moisie où l’on ne respire point ? On a l’amour que l’on mérite et le premier devoir est d’y obéir.

— Je ne suis plus rien devant votre volonté, Claude.

— Je ne suis plus rien devant votre caprice, Armelle !… demandez-moi ce qui vous plaît, humiliez-moi, j’accepte tout, je vous sacrifie tout…

Ils éprouvaient une satisfaction perverse à traduire leurs sentiments dégénérés, maintenant qu’ils se décidaient à en suivre l’impulsion. Les moindres choses qui supposaient la toute-puissance de leur amour les ravissaient, fussent-elles des preuves irrécusables de déchéance.

— J’ai compris ces jours-ci, dit Claude, qu’il ne m’est point possible de vivre sans vous, même pour une semaine.

— Je l’ai compris également, dit Armelle,