Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
ARMELLE ET CLAUDE

sait alors dans un ciel si bleu ! Vous souvenez-vous, Armelle ?… qui sait si nous n’aurions pas dû nous quitter pour toujours après une félicité aussi surhumaine !

Elle frémit à cette idée.

— Est-ce possible que vous parliez d’une telle chose ?

— C’est que vous ne soupçonnez pas où j’en suis, répondit-il, à quel degré d’avilissement ! Je vous aime de l’amour le plus jaloux, le plus autoritaire, le plus despotique. Toutes les exigences sont en moi. Elles ne se manifestent pas toutes encore, mais bientôt, une à une, elles se jetteront à l’assaut de votre liberté… Oh ! Armelle, il faut que vous le sachiez : si je le pouvais, je vous enfermerais… je souffre quand on vous touche, quand on vous voit, quand on entend le bruit de vos pas… je voudrais même que personne ne pensât à vous, que votre existence cessât pour tous, sauf pour moi !… et encore cela m’irrite que vous soyez un être en face de moi, c’est-à-dire opposé à moi, qui peut avoir d’autre distraction et d’autre