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ARMELLE ET CLAUDE

furent tristes. C’était une tristesse adoucie. Les paroles qu’elle inspira n’auraient pu être amères ni prononcées d’une voix rebelle, car cet instant de félicité les avait disposés à la résignation. Et Claude dit :

— Armelle, nous sommes vaincus.

— Oui, Claude, nous sommes vaincus, nous nous aimons comme tout le monde.

— Oh ! notre rêve chéri, fit-il, combien la vie l’a déformé !

Ils ne s’en voulaient pas. Ni elle ni lui ne songeaient à établir les responsabilités. Ils avaient succombé sous des forces inconnues, et ce n’était point leur faute, ni surtout la faute de l’un plutôt que celle de l’autre.

Claude reprit :

— Oui, comme tout le monde, avec les mêmes étroitesses, les mêmes rancunes, les mêmes exigences, les mêmes jalousies. Moi, jaloux de vous ! et pour ce gamin, quel abaissement ! Si encore je l’avais redouté comme rival ! non, j’étais jaloux de ce qu’il vous aimait, je n’admettais pas cela : « Il n’a pas le droit de l’aimer, me disais-je,