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ARMELLE ET CLAUDE

Elle arrivait. Ils se contemplèrent un moment : « Il me regarde comme Paul, avec le même air de folie, » pensa-t-elle. Et elle se jeta dans ses bras. Il murmura :

— Oh ! ma jolie fée, ma fée Souriante…

Elle avait de la neige à ses cheveux blonds. Il la but, et entre ses dents il mordait les mèches humides. Puis il la conduisit à l’une des fenêtres de la façade, en l’embrasure garnie de bancs en bois et profonde comme une chapelle, l’assit et, se mettant à genoux, obtint l’asile de l’épaule accueillante.

Dehors un grand voile blanc descendait interminablement. Ils le suivaient et ils étaient heureux. Ils ne se croyaient plus dignes d’un tel bonheur, et ils lui faisaient place en eux, comme à un ami qu’on n’attendait plus et qui va s’en aller si la demeure ne lui plaît pas. Aussi se tenaient-ils immobiles et silencieux par crainte de l’effaroucher. Mais les bêtes sournoises de l’instinct s’agitaient et il fallut relâcher un peu l’étreinte trop intime.

Alors, se souvenant de leur misère, ils