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ARMELLE ET CLAUDE

pas qu’il fût moins sincère et moins vivace : s’aimer de telle ou telle sorte, quel détail secondaire pourvu que l’on s’aime ! Rien cependant ne les consolait, car ils avaient perdu leur rêve.

La solitude ne tarda pas à leur peser. Ils souffraient de blessures qu’on ne calme pas soi-même. Faites par eux, elles ne seraient guéries que par eux.

Un matin de neige, Armelle ouvrit sa croisée et elle avisa Claude à la fenêtre de la tour. De sa bouche jaillirent des baisers irréfléchis que ses deux mains lançaient en gestes passionnés à travers la chute blanche des flocons, et Claude en percevait la caresse chaude. Il l’appela d’un signe. Elle disparut, et il la vit aussitôt qui courait sous la neige et sur la neige, comme si elle était résolue, pour le rejoindre, à franchir tous les obstacles.

Elle monta. Du haut des marches, il cria, malgré lui :

— Armelle, Armelle.

— Me voici, Claude.