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ARMELLE ET CLAUDE

En ce petit coin de terre, ils étaient deux pour qui la vie se résumait en la même créature. Paul et lui ne comptaient pas plus l’un que l’autre devant l’égalité de l’amour. Ils offraient le même trésor, car l’offrande du cœur, quelle que soit la façon dont on le donne, est toujours analogue.

Il eut l’impression, dégradante d’un partage. La joie d’aimer la jeune fille, un autre l’éprouvait autant que lui, qui sait, peut-être plus encore ! Il se souvint d’avoir dit :

— J’aime vous aimer, Armelle.

Cette parole, un autre la pouvait prononcer.

Avide de solitude, il se tourna vers la porte. Mais Armelle l’entendit et se leva.

— Tiens, vous étiez là, Claude.

— Oui, fit-il, je vous écoutais, et j’envie votre cousin… quelle faveur vous lui faites !

Elle remarqua l’altération de sa voix.

— Ce sont de vieilles chansons arrangées par un ami de Paul, expliqua-t-elle… je les fredonnais au hasard.