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ARMELLE ET CLAUDE

Ils montèrent sur la plateforme de la tour, rapidement, selon leur coutume en ces minutes heureuses, et pieusement, comme s’ils apportaient à quelque dieu, pour la faire éclore et fleurir, leur joie nouvelle.

— Oh ! Claude, s’écria la jeune femme, il y a deux couchers de soleil.

Il y en avait un qui embrasait la mer, et à l’autre bout du ciel, il y en avait un autre, qui flambait au-dessus de la terre. Des flottes de nuages s’échappaient de l’océan, et glissaient les uns sur les autres, des nuages rouges, des nuages violets, des nuages noirs. Et tous ils traînaient des lambeaux d’or vers la fournaise insolite. Quelques-uns en détresse tombaient aux confins des plaines et s’ourlaient de vagues à crête de sang.

Des larmes, des sanglots, des rires, des cris de triomphe palpitèrent en eux. Ils furent gonflés de cette émotion d’amour qui s’exhale en mots et en caresses.

— Je vous aime, je vous aime, se dirent-ils.