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ARMELLE ET CLAUDE

démentaient en secret la pression de leurs mains et l’échange de paroles tendres.

Mais un jour, ayant franchi le seuil d’une boutique poussiéreuse, encombrée de meubles décrépits et de tapisseries lamentables, ils découvrirent un Christ en faïence dont les pieds trempaient au creux d’un bénitier. Et la marchande, une vieille grosse femme emmaillotée de châles, engagea Claude à l’offrir à sa dame.

Il la reprit, en souriant :

— À ma dame ?… non, à ma sœur…

Elle les examina par-dessus ses lunettes et ricana :

— Êtes-vous bien sûr ?

Ce doute les ravit et, au retour, Armelle disait :

— Comment les autres peuvent-ils se tromper ? Si je rencontrais deux êtres s’aimant comme nous, je devinerais aussitôt leur amour. Je sens que mes yeux changent quand je suis près de vous, et qu’ils ont pour les choses des regards qu’ils n’ont pas loin de vous.