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ARMELLE ET CLAUDE

rent. Armelle devina que Claude allait parler et, d’avance, une ivresse délicieuse la pénétra.

Les paroles chantaient de toutes parts. Elle les entendait en elle, et elle les entendait en lui, et autour d’eux, et dans l’immensité. Il les différait néanmoins, tant il y avait de saveur à les laisser flotter sur les ondes du silence. Et elles coulaient indéfiniment de ses lèvres immobiles.

Ils furent heureux. Ils sentirent le bonheur comme un élément inépuisable qui les gonflait d’une force toujours croissante. Ils s’ouvraient à des sources impétueuses qui se ruaient du dehors, avec la vie des choses, la forme des plaines et des cieux, l’âme même de la nature, ils s’ouvraient à des sources miraculeuses qui jaillissaient du gouffre de leur être avec toutes les énergies et toutes les puissances de la vie intérieure, avec l’âme même de l’humanité Et ils étaient le lieu de cette solennelle rencontre.

Par leurs yeux égarés, par leurs bouches haletantes, débordait l’excès de leur bon-