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ARMELLE ET CLAUDE

Évitant les routes, ils suivaient sous le dôme des feuilles de molles sentes où le pas des chevaux ne faisait point de bruit. Un village qui se groupait autour d’une ancienne abbaye leur permit de se restaurer et de se reposer, et une heure plus tard ils débouchaient en vue de l’étang de la Forge. Sa beauté les émerveilla.

Ils s’assirent au pied d’un pin qui baigne dans l’eau ses racines nerveuses. Le soleil flambait. L’enveloppe des choses craquait sous une formidable poussée de vie, dont un tremblement de vapeur légère, çà et là, paraissait l’exhalaison. Tous les tumultes éclataient en ce silence. Tous les mouvements se ruaient en cette immobilité.

Armelle rougit. Elle n’aurait su vraiment en dire la raison. Pour remuer, pour causer, elle allongea le bras et balbutia :

— Les arbres s’entre-croisent tellement, en face, que l’on dirait une falaise de verdure, n’est-ce pas ?

Claude ne répondit pas. Ayant tourné la