Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
ARMELLE ET CLAUDE

Il ajouta lentement, comme on énonce une pensée obscure :

— Elle nous indique le mode idéal d’amour où pourraient tendre l’homme et la femme, car y a-t-il amour plus constant, plus libre et plus ému que celui qu’elle nous inspire, la chère amante ?

Leur chemin les conduisit au manoir de Comper. Simple et trapu, l’air bon enfant sous son vaste chapeau d’ardoises, d’un côté il surveille son passé, ses tours détruites, ses murailles rouges qu’on dirait teintes de sang et, de l’autre, il se mire dans un étang fidèle que borde la lisière d’une forêt.

— Oh ! vivre là, s’écria l’un d’eux.

Ils en firent le rêve. Ainsi de place en place on sème un vœu d’existence.

— Nous serions, dit Armelle, comme la lignée de petits seigneurs qui s’enfermaient en ce repaire, à l’abri des attaques. Nous nous mettrions en état de défense contre le monde, nous. On relèverait le pont-levis, on boucherait les brèches et nul n’atteindrait notre bonheur.