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ARMELLE ET CLAUDE

chote des secrets et sollicite leurs caresses. Ainsi les charma-t-elle un soir de silence que berçait le bruissement d’une source invisible.

Le jour suivant, s’étant levés de grand matin pour voyager plus agréablement, ils la trouvèrent insouciante et joyeuse. Sa fraîcheur les ravit. De la rosée mouillait les herbes. Des lacs de brume inondaient les prairies. On avançait entre deux bandes de gazon ruisselant et, sur les arbres humides, les oiseaux chantaient.

Armelle et Claude respiraient largement. Les paroles affluaient à leurs lèvres.

— Comme on est plus indépendant, dit Armelle, quand personne ne sait où vous êtes, n’est-ce pas ?

— Oui, nous sommes perdus ici, seuls avec la nature, et celle-là c’est la grande donneuse de liberté. Elle exauce tous les désirs, elle accepte tous les caprices. Loin de nous diminuer jamais, elle nous augmente au contraire de tout ce que nous voulons lui prendre.