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ARMELLE ET CLAUDE

de la lumière, du silence, du mystère, de la poésie.

— Comme nous sommes seuls ! dit l’un d’eux.

Jamais nulle solitude ne leur avait paru plus complète. L’autre désigna le château.

— C’est cela qui fait l’isolement si profond…

Toute la vie, tout le mouvement se concentraient en cette prison formidable qui domine la contrée. Pendant mille ans, elle absorba le terreurs et les espoirs. Le paysan s’en souciait plus que de sa chaumière. Elle est ceinte de vide.

À leurs yeux aussi la forteresse prit une importance considérable, une valeur de symbole. Elle représenta la société, les lois, l’ordre, l’habitude, la coalition de toutes les puissances, l’asservissement de toutes les misères. En face d’elle, eux, ils étaient seuls, à part.

Ils en conçurent plus intimement la notion de leur liberté réelle. Ils vivaient en dehors du monde et de ses règles, et le