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ARMELLE ET CLAUDE

Il leur parut tout à coup facile de se regarder. Et ils le firent sans se soucier que leur regard fût amoureux, amical ou indifférent. Il fut clair. Il mêla des yeux graves qui éprouvaient comme une volupté à se sentir limpides, des yeux à fleur desquels affluaient des choses visiblement pures. Armelle songeait :

— Oh ! ce n’est pas un étranger. Sa vie pénètre la mienne, et pourtant je ne crains rien de lui, je n’en espère rien non plus. Au contraire, j’attends tout de moi, au moment même où sa présence m’est le plus sensible. N’est-ce pas là le suprême bienfait à demander aux autres ?

Claude dit lentement :

— Comme vous êtes belle !

Elle sourit, car il n’avait pas dit ces mots par trouble ou par dessein de lui plaire, et nul embarras n’alourdit le silence.

— Vous êtes belle et nous n’avons pas à proscrire votre beauté. Sous peine de mensonge je dois la reconnaître et vous devez en user, vous. Il est étrange que la beauté