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tV INTRODUCTION l’inconstance]. Mais l’auteur proteste qu’il ne veut pas aller contre l’honneur de Rome (101); il veut seulement dire la vérité (103). De même, celui qui est le plus grand entre les rois en noblesse et en puissance [Philippe-le-Bel] s’avance pour bien torcher Fauvel. Après cette introduction, l’auteur définit ce que signifie Fauvel. Il faut d’abord parler de sa couleur, car Aristote a bien raison de déclarer que les acci- dents aident fort à connaître la substance (180). Fauvel n’est ni noir (le noir est la couleur de la tristesse, et il est gai), ni rouge (le rouge est la cou- leur de la charité); ni blanc (le blanc symbolise la pureté); ni vert (couleur de l'espérance); ni azuré (le bleu, couleur du ciel, symbolise le sens et la raison); il est fauve, couleur de la vanité (223). Fauvel est composé de faus et de vel (voile). Les six lettres de son nom sont, en outre, les initiales de, Flatterie, Avarice, Vilenie, Variété, Envie, Lâcheté (256). Dieu a jadis fait de l’homme le roi de la créa- tion et le maître des animaux (333). Mais les hom- mes se sont ravalés au rang des bêtes (337) en reconnaissant Fauvel pour seigneur (350). Ainsi, l’ordre divin des choses est complètement «bes- tourné» (335), c’est-à-dire bouleversé. Cela se voit particulièrement dans les rapports de l’Eglise et de l’État. Il y a, d’ordre divin, deux luminaires, le soleil (le pouvoir spirituel) et la lune (le pouvoir temporel), dont le second dépend du premier et lui emprunte sa lumière (415). Mais Fauvel a, de nos jours, fait passer la lune au-dessus du soleil (418). Dieu a donné la suprématie à l’Église : le pouvoir