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en l’absence de la vraie mère ; la providence lui ménagea par l’entremise de M. Picquet le recouvrement du fils qui lui avait été injustement ravi. Je restai encore quelques jours aux environs du fort, où mon ministère ne fut pas infructueux, soit envers quelques prisonniers, dont je fus assez heureux pour briser les fers, soit envers quelques officiers français dont l’ivresse sauvage menaça les jours, et que je vins à bout de mettre à couvert.

Telles ont été les circonstances de la malheureuse expédition qui a déshonoré la valeur que les sauvages avaient fait éclater durant tout le cours du siége, et qui nous a rendus, onéreux jusqu’à leurs services. Ils prétendent la justifier. Les Abénakis, en particulier, par le droit de représailles, alléguant que plus d’une fois, dans le sein même de la paix, ou dans des pourparlers, tels que celui de l’hiver passé, leurs guerriers avaient trouvé leurs tombeaux sous les coups de la trahison dans les forêts anglaises de l’Acadie. Je n’ai ni les lumières, ni les connaissances pour juger une nation, qui pour être notre ennemie, n’en est pas moins respectable par bien des titres. Je ne sache pas au reste, que dans le tissu de cette relation, il me soit échappé une seule particularité dont on puisse avec justice infirmer la certitude, encore moins pourrais-je me persuader que la malignité puisse découvrir un seul trait qui l’autorise à rejeter sur la nation française l’indignité de cet événement.

On avait fait agréer aux sauvages le traité