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sûreté. Il arriva enfin ce moment si désiré. M. le Chevalier de Lévi à la tête de trois mille hommes, avait pris la route par terre, le vendredi 29 de juillet, afin d’aller protéger la descente de l’armée, qui devait aller par eau. Sa marche n’eût aucune de ces facilités que fournissent en Europe ces grands chemins faits avec une magnificence royale pour la commodité des troupes. Ce fut d’épaisses forêts à percer, des montagnes escarpées à franchir, des marais boueux à traverser. Après une marche forcée de toute une journée, c’était beaucoup si on se trouvait en avant de 3 lieues ; de sorte qu’il fallut cinq jours pour faire douze lieues. Sur ces obstacles, qu’on avait bien prévus, le départ de ce corps avait précédé de quelques jours, Ce fut le dimanche que nous nous embarquâmes avec les sauvages seulement, qui pouvaient faire un gros de 1,200 hommes alors, les autres étant partis par terre.

Nous n’eûmes pas fait 4 à 5 lieues sur le lac, que nous aperçûmes des marques sensibles de notre dernière victoire : c’était des berges anglaises abandonnées, qui, après avoir flotté long-temps au gré des eaux et des vents, étaient enfin allées échouer sur la grève. Mais le spectacle le plus frappant fut une assez grande quantité de cadavres anglais, étendus sur le rivage, ou épars ça et là dans les bois. Les uns étaient hachés par morceaux, et presque tous étaient mutilés de la façon la plus affreuse. Que la guerre me parut un