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histoire du pêcheur avec l’éfrit
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soudain voici venir le wekil[1] chargé des oiseaux de chasse, qui lui dit : « Ô roi des siècles, c’est juste l’époque d’aller à la chasse ! » Alors le roi fit ses préparatifs de départ, et prit le faucon sur sa main. Puis on partit et on arriva dans un vallon où on dressa les filets de chasse. Et tout à coup une gazelle tomba dans le filet. Alors le roi dit : « Je tuerai celui à côté de qui passera la gazelle ! » Puis on se mit à rétrécir le filet de chasse autour de la gazelle, qui s’approcha alors du roi, se haussa sur ses pattes de derrière et rapprocha de sa poitrine ses pattes de devant comme si elle voulait baiser la terre devant le roi. Alors le roi fit claquer ses mains l’une contre l’autre pour faire fuir la gazelle, qui alors bondit et fila en passant au-dessus de sa tête et s’enfonça dans le loin des terres. Alors le roi se tourna vers les gardes et les vit qui clignaient de l’œil sur lui. À cette vue, il dit au vizir : « Qu’ont-ils donc, ces soldats, à se faire ainsi des signes ? » Il répondit : « Ils disent que tu as juré de mettre à mort quiconque verra passer la gazelle à son côté ! » Et le roi dit : « Par la vie de ma tête ! il nous faut poursuivre cette gazelle et la ramener ! » Puis le roi se mit à galoper sur les traces de la gazelle ; et le faucon la frappait du bec sur les yeux, et tellement qu’il l’aveugla, et lui donna le vertige. Alors le roi prit son casse-tête, l’en frappa et la fit rouler ; puis il descendit, l’égorgea, l’écorcha et en suspendit la dépouille à l’arçon de la selle. — Or, il faisait chaud, et l’endroit était désert, aride et sans eau. Aussi le roi eut soif et le cheval eut soif. Et le roi se retourna et vit un arbre

  1. Intendant.