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histoire du roi schahriar…
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quartier, et il raconta à tous son histoire et qu’à l’instant même où il dirait son secret il mourrait ! Alors tous les gens qui étaient là dirent à la femme : « Par Allah sur toi ! laisse de côté cette affaire de peur que ne meure ton mari, le père de tes enfants ! » Mais elle leur dit : « Je ne lui laisserai la paix qu’il ne m’ait dit son secret, même dût-il en mourir ! » Alors ils cessèrent de lui parler. Et le marchand se leva de près d’eux et se dirigea du côté de l’étable, dans le jardin, pour faire d’abord ses ablutions, et retourner ensuite dire son secret et mourir.

Or, il avait un vaillant coq capable de satisfaire cinquante poules, et il avait aussi un chien ; et il entendit le chien qui appelait le coq et l’injuriait et lui disait : « N’as-tu pas honte d’être joyeux alors que notre maître va mourir ! » Alors le coq dit au chien : « Mais comment cela ? » Alors le chien répéta l’histoire, et le coq lui dit : « Par Allah ! notre maître est bien pauvre d’intelligence ! Moi, j’ai cinquante épouses, et je sais me tirer d’affaire en contentant l’une et en grondant l’autre ! Et lui n’a qu’une seule épouse et il ne sait ni le bon moyen ni la façon dont il faut la prendre ! Or, c’est bien simple ! il n’a qu’à couper à son intention quelques bonnes tiges de mûrier, et entrer brusquement dans son appartement réservé et la frapper jusqu’à ce qu’elle meure ou se repente : et elle ne recommencera plus à l’importuner de questions sur quoi que ce soit ! » Il dit. Lorsque le commerçant eut entendu les paroles du coq discourant avec le chien, la lumière revint à sa raison et il résolut de battre sa femme. »